Apprendre à tout âge, même avant la naissance! L’apprentissage chez les bébés avec Julie Bertels

Nos bébés seraient peut-être bien des petits génies en herbe ! Loin d’être des pages blanches à leur arrivée au monde, iels semblent être capables d’apprendre très vite beaucoup de choses, et ce déjà dans le ventre de leur parent porteur ! Comment est-ce possible ? Comment font-ils cela ?

Nous avons posé nos questions à Julie Bertels, chercheuse en psychologie cognitive et neuroscience, à cheval sur la faculté de psychologie et celle de médecine de l’Université libre de Bruxelles. Elle travaille au sein de l’ULBabyLab où elle s’intéresse au développement des capacités d’attention et d’apprentissage des bébés au cours de leurs premiers mois de vie mais aussi in utero (donc encore dans le ventre du parent porteur)

Bonne écoute !

un bébé assis par terre qui joue avec un xylophone en bois
Image: Jelleke Vanooteghem/Unsplash

Quelques précisions, points clés et lexique essentiel : 

Intra/extra-utérin : qualifie l’environnement à l’intérieur/extérieur de l’utérus du parent porteur 

Technique de préférence visuelle : l’enfant est exposé à 2 stimulus côte à côte et on mesure le temps passé à regarder chaque stimulus. Si l’enfant passe plus de temps à regarder le stimulus A plutôt que B on dit que le stimulus A est préféré. On considère que les nouveaux nés préfèrent la nouveauté donc dans ce cas le stim B serait plus familier que le A, il aurait fait l’objet d’un apprentissage. 

Succion non-nutritive : utilisation d’une tétine expérimentale qui permet de mesurer le rythme de succion du bébé. On considère qu’un plus grand intérêt du bébé pour un stimulus génère un rythme de succion plus élevé. 

Electroencéphalographie (EEG) : technique de neuroimagerie consistant à capter l’activité électrique du cerveau à l’aide de capteurs appelés électrodes positionnés sur l’ensemble du crâne. Aucun signal n’est diffusé. On capte ce qui est émis par le cerveau. 

Magnétoencéphalographie (MEG) : technique de neuroimagerie consistant à capter les champs magnétiques induits par l’activité électrique du cerveau. Aucun signal n’est diffusé. On capte ce qui est émis par le cerveau. 

Apprentissage statistique : capacité à repérer les régularités statistiques dans un flux de stimulus, dans l’environnement. Il s’agit par exemple de repérer les probabilités de transition d’une syllabe à l’autre dans un langage. Cela se fait le plus souvent de manière inconsciente (sans que nous en ayons conscience) et implicite (sans que ce soit intentionnel). 

À propos de Julie et de son travail : 

Julie Bertels est professeure à l’ULB

Vous pouvez inscrire vos bébés aux expériences que mène Julie ici!

Pour aller plus loin / références : 

DeCasper, A. J., & Fifer, W. P. (1980). Of human bonding: Newborns prefer their mothers’ voices. Science, 208(4448), 1174-1176.

Partanen, E., Kujala, T., Näätänen, R., Liitola, A., Sambeth, A., & Huotilainen, M. (2013). Learning-induced neural plasticity of speech processing before birth. Proceedings of the National Academy of Sciences, 110(37), 15145-15150.

Reid, V. M., Dunn, K., Young, R. J., Amu, J., Donovan, T., & Reissland, N. (2017). The human fetus preferentially engages with face-like visual stimuli. Current Biology, 27(12), 1825-1828.

Saffran, J. R., Aslin, R. N., & Newport, E. L. (1996). Statistical learning by 8-month-old infants. Science, 274(5294), 1926-1928.

Bertels, J., San Anton, E., Boursain, E., Bulf, H., & Destrebecqz, A. (2022). Visual statistical learning in infancy: Discrimination of fine‐grained regularities depends on early test trials. Infancy, 27(3), 462-478.

Bertels, J., Bourguignon, M., De Heering, A., Chetail, F., De Tiège, X., Cleeremans, A., & Destrebecqz, A. (2020). Snakes elicit specific neural responses in the human infant brain. Scientific reports, 10(1), 7443.

LoBue, V., & Rakison, D. H. (2013). What we fear most: A developmental advantage for threat-relevant stimuli. Developmental Review, 33(4), 285-303.