Le complotisme au temps du COVID-19. Sylvain Delouvée

Dans cet épisode, Sylvain Delouvée nous parle du complotisme en temps de COVID-19. Il est Maître de conférences à l’Université Rennes 2 et pour le moment, il participe à la création d’un programme pour lutter contre la propagation des fakes news et des théories du complot. Sylvain Delouvée nous explique la dynamique du complotisme, et comment le complotisme fleurit en temps de crise. Nous discutons également les liens entre complotisme, rationalité, et esprit critique.

Timeline

  • Les théories du complot :
    •  1:40 C’est quoi une théorie du complot ?
    • 3:10 Sont-elles rationnelles ?
    • 5:08 Qu’en est-il de l’esprit critique ?
    • 6:46 Est ce que transmettre les théories du complot c’est y adhérer et quel est le rôle des médias ?
  • Les théories du complot en période de COVID-19 :
    • 10:06 Y a-t-il une explosion de l’adhésion aux théories du complot ?
    • 13:09 Y a-t-il des raisons de penser que cette pandémie donne du succès aux théories du complot ?
  • Comment lutter contre les théories du complot ?
    • 17:11 La censure est-elle une solution et sinon quoi d’autre ?
    • 24:11 Explication du projet de lutte contre les fausses informations.

Lexique

Pensée sociale : la pensée sociale se distingue de la pensée rationnelle (i.e., mode de pensée (supposément) rigoureuse et logique obéissant à des règles empiriques et logiques de vérifications ou de réfutations). La pensée rationnelle est le type de pensée associée aux démarches scientifiques. La pensée sociale est plus autonome et spécifique. Elle est partagée par les membres d’un groupe et comprend les représentations, les opinions, les idéologies et croyances partagées par les individus. Elle se caractérise par la prédominance de l’affectivité sur l’intellect (Guimelli, 1999), ce qui signifie qu’elle serait plus orientée par les émotions et moins par la raison. La pensée sociale est par exemple à l’origine du phénomène de rumeur.

Complot Reptilien : théorie selon laquelle le monde serait dominé par des lézards humanoïdes d’origine extraterrestre. Cette théorie a été notamment popularisée par l’écrivain anglais et ancien footballeur professionnel David Ickes.

La démocratie des crédules : société démocratique où la dérégulation du marché de l’information amène à une surreprésentation de certaines informations fausses par rapport aux informations vraies. Selon Gérald Bronner, sur le marché des idées, les informations fausses (fake news, théories du complot) sont avantagées par rapport aux informations vraies (expertise scientifique, données factuelles, …), car elles sont davantage séduisantes pour le cerveau humain : elles flattent nos stéréotypes sociaux, reposent sur des erreurs de raisonnement communs (biais de confirmation, incompréhension des statistiques, etc)…

Théorisation naïve/profane : notion renvoyant encore une fois à la théorie des représentations sociales (Moscovici, 1961) qui oppose les représentations expertes et sociales. Les représentations expertes sont construites sur base des règles de logique, du raisonnement rationnel. Les théorisations profanes sont le fruit des échanges entre individus, qui déforment les savoirs scientifiques pour leur faire remplir une fonction sociale. Une théorisation profane est donc un propos dit dans les discours de la vie de tous les jours et non évalué par des experts.

Ressources pour anticiper le podcast

Le podcast avec Pascal Wagner-Egger

Le pseudo-documentaire Hold-Up

Pour aller plus loin

Delouvée, S. (2020). Repeating is not believing: the transmission of conspiracy theories. Diogenes, 039219212094560. https://doi.org/10.1177/0392192120945609

Froissart, P. (2002). La rumeur : Histoire et fantasmes (0 éd.). Belin.

Guimelli, C. (1999). La pensée sociale. Presses Universitaires de France.

Rouquette, M.-L. (Éd.). (2009). Introduction. Dans Qu’est-ce que la pensée sociale (Erès éd., p. 510). ERES.